Si j'étais candidat : 1. Grands principes

Cet article fait partie d'une série où j'imagine être candidat à l'élection présidentielle française, et où je demande aux lecteurs de jouer le jeu. Pour des précisions sur la démarche et mes raisons, se reporter à l'article introductif de la série.

Je suis donc candidat à l'élection présidentielle.

Pour commencer, je dois vous convaincre que ma candidature peut vous intéresser. Pour ça, je vais commencer par une brève présentation pour dire, en toute immodestie, ce que j'estime avoir à apporter au débat que d'autres candidats n'ont pas.

Et ensuite, je développerai les grands principes qui guident mon programme, qui éclairent le genre de société que j'aimerais construire avec vous, parce que c'est le plus important. Si nous sommes d'accord sur les grands principes, nous pouvons discuter de la meilleure manière de les réaliser. Si nous ne sommes pas d'accord, alors vous n'aurez pas envie de voter pour moi. Il n'y aura pas tromperie sur la marchandise.

Si je dois revendiquer un talent particulier qui puisse justifier que mes idées méritent d'être écoutées, c'est celui de savoir comprendre le fonctionnement de systèmes complexes, de voir où leur fonctionnement n'est pas efficace et de concevoir des solutions pour l'améliorer. J'ai pu le constater en développement informatique, mais la société, dans son ensemble, est par essence un système complexe.

Beaucoup de gens abordent la société sous l'angle presque exclusif de leur spécialité, ce qui les conduit à ne voir qu'une partie du système. Et le propre d'un système complexe, c'est que les différentes parties, les différents aspects, ont des interactions compliquées, que les spécialistes ratent.

Un président n'a pas à être spécialiste dans tous les domaines, il a pour ça des ministres et des conseillers. Un président doit apporter la vision d'ensemble, la cohérence de la politique, la coordination entre les différents services. Le président est le chef d'orchestre de l'état, les ministres sont les premiers solistes. Je pense avoir, un peu plus que la plupart, ce talent pour coordonner.

En outre, j'ai certainement une culture scientifique plus pointue que la plupart de politiciens professionnels actuels, qui ont tendance à voir les sciences comme des disciplines techniques, utilitaires, et pas nobles. Or de nos jours, une grande partie des problèmes de la société ont un aspect scientifique.

Ceci étant posé, voici les grands principes de la société que je voudrais que nous construisions ensemble.

Pour commencer, je veux une société qui ne laisse personne sur le carreau. Nous savons produire assez pour subvenir aux besoins de tous les habitants, certains vivent dans le luxe, il est donc intolérable que d'autres soient laissés dans la misère.

Je veux une société qui permette, autant que possible, à tous de s'épanouir. De faire ce qui apporte de la valeur à la vie, chacun selon son appréciation.

Je veux une société qui fasse par principe confiance à ses membres, qui les traite à priori comme des adultes responsables, pas comme des enfants. Si on traite quelqu'un comme un irresponsable et un fraudeur, on le pousse à se comporter ainsi. Si on le traite avec respect, on l'incite à s'en montrer digne. Si tout le monde mérite le droit de vote, tout le monde mérite le droit de décider pour soi-même l'orientation de sa vie.

Je veux une société qui essaye de respecter l'environnement, et s'engage dans des efforts pour réparer les dégâts déjà faits.

Je veux une société qui prenne une place harmonieuse dans la communauté des nations. Si un autre pays, inspiré par notre succès, décide de nous imiter, je veux que notre réaction soit « bienvenue, nous serons plus forts ensemble » plutôt que « surtout pas, nous ne pourrons plus t'exploiter ».

Je veux une société où tout le monde ne cherche pas tout le temps à tirer la couverture à soi. Ce qui compte, ce n'est pas combien de couverture on a, mais combien on en profite, et devoir sans cesse défendre son coin de couverture est épuisant, ça empêche d'en profiter.

Je veux une société qui agisse intelligemment, qui réfléchisse à ses décisions, et y réfléchisse de la bonne manière, et surtout ne se laisse pas prendre à des réactions épidermiques.

Tout ce que je viens d'énoncer, ce sont des évidences bien-pensantes, n'est-ce pas ? En tout cas je l'espère. Cependant, les énoncer explicitement a le mérite de donner l'orientation. Un programme politique sans ces principes, c'est une carte sans rose des vents : le nord est probablement en haut, mais l'incertitude permet toutes les dérives. On peut utiliser cette liste de principes comme check-list : vérifier que chaque loi, chaque mesure, contribue à ces principes ou au moins n'y nuit pas.

Maintenant que j'ai énoncé ces principes, il reste à décrire comment je compte les réaliser, à quoi ressemblerait en pratique une société assez similaire à la société française actuelle pour pouvoir être construite et qui respecterait ces principes. C'est ce que je vais faire dans mon prochain discours.

Publié le 14 octobre 2019