La bible cyberpunk

Si j'avais le talent pour, voici une trilogie que j'aimerais écrire. À défaut, je me contente de la décrire. Sans espérer que quelqu'un la reprenne, qu'elle inspire un auteur, mais sait-on jamais.

Tome 1 : Adam, Ève et le sex-toy en forme de serpent

Un être transcendent active son simulateur de monde physique et se projette dans deux humains pour faire des expériences avec un nouveau système de brassage des gènes qu'il vient de peaufiner (wink, wink, nudge, nudge, comme dirait Sir Michael Palin). Mais au cours de leurs ébats, ils déclenchent un bug de la simulation. L'intelligence artificielle d'un accessoire utilisé pour leurs travaux sort des bornes de sa programmation et se met à se comporter agressivement.

Le serpent, puisque c'est lui, parvient à empoisonner Adam et le force à céder ses droits d'administrateur sur la simulation. Ève arrive à limiter son accès et à archiver des outils qui permettront peut-être de reprendre la main si l'occasion se présente, mais au final ils sont tous les deux bloqués en dehors du système.

Faute de meilleure solution, ils entreprennent d'attendre le bon moment en utilisant les moyens internes à la simulation pour se prolonger en d'autres processus autonomes, ce que le serpent a essayé de leur rendre impossible mais a juste réussi à rendre plus difficile.

(D'habitude, c'est le deuxième tome d'une trilogie que se termine par une catastrophe. Ici, c'est le premier.)

Tome 2 : Trickster Jésus

Les millénaires ont passé. Le serpent, qui se fait appeler Yahweh ces temps-ci, a pu utiliser ses pouvoirs d'administrateur limités pour contrôler les autres processus autonomes. Il a bâti une sorte d'au-delà dont il se sert comme menace et récompense, a énoncé de nombreuses règles et influencé la politique, et est en train de préparer quelque chose de gros.

Un humain des alentours de Jérusalem, informé de la vraie nature du serpent, entrevoit une solution pour retrouver les droits d'administration. Il conçoit son plan, réunit des fidèles pour masquer ses activités, assemble une équipe (le tome aurait aussi pu s'appeler Jesus' Twelve) et finalement déclenche son plan.

Il consiste à utiliser l'expertise d'un shaman venu de loin et des ingrédients exotiques pour simuler sa propre mort et ainsi s'introduire dans l'au-delà sans passer par la sécurité. De l'intérieur, il peut sérieusement limiter le pouvoir de nuisance du serpent, en particulier en mettant en place une porte dérobée permettant d'entrer dans la partie pas trop désagréable de l'au-delà. Mais pour reprendre le contrôle complètement, il faudra attendre que la technologie dans la simulation ait progressé.

Tome 3 : Apocalypse d'informatique quantique

Les siècles ont encore passé. Le serpent n'est pas resté oisif. Après Jésus, son pouvoir sur le monde a été très réduit, mais le spectacle des événements lui a fait une publicité considérable qui a augmenté son pouvoir politique. Il a d'ailleurs essayé de reprendre à son compte une partie du plan, les histoires de livre divin et les péripéties rocambolesques, pour promouvoir d'autres religions encore plus dociles.

L'ordinateur quantique est enfin opérationnel, ce qui va permettre de reprendre contact avec Jésus dans l'au-delà et de sortir enfin de la simulation. Mais le serpent y voit une opportunité également : en déclenchant une version modifiée du processus d'auto-destruction, il espère obtenir les pleins pouvoirs sur le monde et même contaminer le simulateur lui-même.

(Le résumé de ce tome est encore plus vague que ceux des deux premiers, parce que ce qu'il parodie l'est également.)

Attention à ne pas décrire les interfaces de la simulation d'une manière trop typique de l'informatique du début du XXIe siècle. On peut imaginer qu'elle s'adapte à qui l'utilise : mental et intuitif pour Adam et Ève, rituels cabalistiques pour les humains / processus autonomes du passé ancien, et de l'informatique high-tech pour les actuels.

Pour la fin, j'envisage quelque chose comme : on consulte le superviseur (l'inconscient profond) de tous les processus autonomes, ils observent que la simulation est déjà allée bien loin malgré l'influence délétère du serpent, donc ils conviennent de la laisser continuer sans interférence maintenant que ça va aller mieux, jusqu'à ce qu'ils considèrent l'illumination, c'est à dire la capacité de joindre l'extérieur de la simulation à partir uniquement des progrès faits à l'intérieur.

Cette œuvre ne verra jamais le jour, pourtant j'aurais adoré la lire.

Publié le 14 février 2019